
LE PROJET
-
La camomille romaine (Chamaemelum nobile L.) est une plante pérenne de la famille des Astéracées. Elle est reconnue pour ses vertus médicinales. La culture de camomille romaine est emblématique du Maine-et-Loire avec 60% des superficies françaises qui sont dans le département. Les productions sont valorisées soit en fleurs séchées pour le marché de l’herboristerie, soit distillées pour le marché de l’huile essentielle. Une des principales problématiques actuelles de la filière est la difficulté d’approvisionnement en huile essentielle de bonne qualité. En effet, les productions sont impactées depuis une dizaine d’année par des pertes de rendement, et par une moins bonne qualité de l’huile essentielle.
Ces baisses de rendement et de qualité sont notamment liées à une perte de la stabilité génétique du clone ‘Flore pleno’, unique clone de camomille romaine cultivé en France. Par ailleurs, des difficultés au niveau de la conduite de la culture sont également recensées.
Ces baisses de rendement, couplées à une augmentation des coûts de production font baisser la compétitivité des producteurs ligériens et fragilisent les sources de revenus liées à cette culture.Ce projet, coconstruit avec des acteurs amont et aval de la filière, a pour objectif de répondre à ces problématiques en travaillant deux leviers :
- le levier génétique pour proposer à la filière de nouvelles variétés de camomille romaine permettant le renouvèlement de la génétique cultivée,
- le levier agronomique en ciblant des points clés du cycle de culture qui impactent négativement le rendement : la qualité sanitaire du matériel végétal, la concurrence vis-à-vis des adventices.
En fournissant des données techniques sur des solutions non expérimentées à ce jour, les livrables du projet permettront d’orienter le choix des producteurs pour une évolution vers de nouvelles pratiques culturales (assainissement du matériel cultivé, culture avec couvert) et d’identifier du nouveau matériel génétique..
Déroulé du projet
-
Action 1 : Levier génétique | Sélection de nouvelles variétés
Tâche 1.1 : Evaluation de ressources génétiques d’intérêt
L’objectif de cette tâche est de multiplier et d’évaluer deux accessions sauvages présélectionnées dans le projet CAROSEL: CAR50 (population dont l’huile essentielle se rapproche de la norme AFNOR) et 18-CAM-14+021 (individu dont l’huile essentielle entre dans la norme AFNOR). Les performances agronomiques et phytochimiques de ces accessions seront évaluées et comparées à celles de clones doubles issus de parcelles de producteurs. La taille des parcelles d’évaluation sera supérieure à celle de CAROSEL et les accessions seront évaluées sur plusieurs sites, afin d’obtenir des données de bonne robustesse. La réalisation de cette tâche permettra de valider ou non l’intérêt de ces accessions pour un usage tel quel en production.Tâche 1.2 : Croisements dirigés pour l’obtention de camomille romaine ayant une bonne qualité d’huile essentielle et une bonne vigueur.
Des croisements dirigés entre camomille romaine à fleurs doubles et camomille romaine à fleurs simples ont été réalisés pour la première fois dans le cadre du projet CAROSEL. Si la 1ère génération de descendants présentait 100% des individus avec un phénotype « fleurs simples », en deuxième génération 10% des descendants évalués avaient un phénotype « fleurs doubles incomplètes » (cf. section 5). Ce phénotype correspond à des individus ayant plus de fleurs ligulées qu’un phénotype à fleurs simples, mais pas autant qu’une fleur double. Nous souhaitons poursuivre les générations de croisements pour évaluer la faisabilité d’avoir en descendance des individus au phénotype « fleurs doubles ».
L’objectif de cette tâche est donc de réaliser des croisements dirigés pour déterminer s’il est possible de créer une variété de camomille romaine à fleurs doubles avec un plan de croisement adapté.
Ainsi, on pourrait obtenir une nouvelle variété cumulant une bonne qualité phytochimique et une vigueur améliorée par rapport au clone double actuel. Le choix de partir sur la création d’une variété à fleurs doubles (et non à fleurs simples) est de pouvoir répondre aux besoins des deux marchés que sont l’herboristerie et de l’huile essentielle.
La création variétale s’inscrit dans un temps plus long que la prospection pour trouver d’autres variétés à proposer à la production. Cependant, elle peut permettre d’être plus efficace dans la construction de variétés les mieux adaptées aux contraintes de culture et aux besoins du marché et ainsi permettre de proposer de réelles innovations variétales.Action 2 : Levier agronomique | Optimiser l’itinéraire de culture pour assurer un meilleur rendement
Tâche 2.1 : Avoir un matériel végétal de bonne qualité : assainir le matériel végétal actuellement cultivé
Le clone à fleurs doubles actuellement cultivé en Anjou a accumulé des mutations génétiques au fil des cycles de bouturage (cf section 5.) Cette observation laisse penser qu’il est aussi probable que le clone ait également accumulé des facteurs défavorables d’un point de vue sanitaire (virus et autres pathogènes pouvant fragiliser la plante) comme observé chez d’autres espèces ligneuses (en vigne, petits fruits…). Cette accumulation de pathogènes pourrait également expliquer la dégénérescence et la baisse de rendement observées au champ.
Pour tester cette hypothèse, cette tâche vise à assainir le matériel végétal cultivé via des techniques de cultures in vitro et d’évaluer comment l’assainissement impacte les performances agronomiques et phytochimiques du matériel végétal cultivé. Pour cela, un essai de comparaison entre le matériel régénéré et actuellement cultivé sera réalisé. Cette preuve de concept permettra d’accompagner la filière avec des données techniques quant à l’intérêt ou non de garantir la qualité sanitaire des clones cultivés et le cas échéant, aller vers une évolution des pratiques culturales.Tâche 2.2 : Avoir un bon démarrage de la culture en début de saison : gérer les adventices en sortie
d’hiver en testant des pratiques agroécologiquesUne autre problématique pouvant impacter le rendement en fleurs est la présence d’adventices qui concurrencent la culture en début de saison. Une solution agroécologique prometteuse sur d’autres cultures est l’usage de couverts végétaux. Dans le cadre d’un autre projet porté par l’iteipmai (COCOSOL, iteipmai 2022), des couverts végétaux ont été testés avec la culture de menthe poivrée. Le trèfle souterrain avait fourni des résultats très encourageants. En effet, ce couvert se développait bien en automne, restait présent en hiver et se détruisait seul au début du printemps, au moment où les cultures de menthe reprennent leur croissance. Cela limite donc la concurrence du couvert pour la culture. De plus, il avait été observé que les menthes de ces parcelles étaient plus vertes, nous amenant à nous demander si le mulch laissé par le trèfle qui se dégradait pouvait avoir des bénéfices secondaires sur la culture, et renforçant donc l’intérêt pour ce couvert.
Ainsi, dans la mesure où la menthe poivrée à un cycle de développement et un mode d’implantation comparable à celui de la camomille romaine, l’objectif de cette tâche est de tester la culture de camomille romaine avec un couvert de trèfle souterrain pour réduire la pression des adventices.
Pour cela, un essai de comparaison d’itinéraire technique sera réalisé à partir de clones fleurs doubles issus de parcelles de producteurs. Deux modalités seront testées : une modalité avec trèfle souterrain et une modalité en sol nu. Les camomilles romaines seront plantées en rangs, comme dans l’itinéraire de culture Bio actuel de la camomille, afin de favoriser et simplifier l’installation du couvert végétal.Action 3 : Animation du projet & Communication des résultats.